Sylvia Earle, qui détient le record de la marche la plus profonde sur le plancher océanique et qui est aussi la première femme à occuper un poste de direction scientifique au sein de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), a été surnommée « héroïne de la planète », « championne de la Terre » et « Her Deepness » (Sa Profondeur en français) en raison de son rôle pionnier dans l’exploration et la protection des fonds marins..
L’héritage de Sylvia Earle
Sylvia Earle a été très fascinée par la nature dès un jeune âge. Elle a obtenu une licence en botanique (un baccalauréat scientifique) à l’université d’État de Floride à 19 ans et une maîtrise en botanique à l’Université Duke à 20 ans.
Tout en préparant son doctorat à l’Université Duke, Sylvia Earle s’est aventurée dans divers voyages à travers l’océan Indien, les îles Galápagos, la côte chilienne et le canal de Panama avant de devenir directrice résidence du Cape Haze Marine Laboratory en 1965.
Utilisant l’équipement de plongée sous-marine pour documenter la vie marine dans le cadre de son doctorat, elle est devenue l’une des pionnières de la recherche sous-marine.
Jusqu’alors, la plongée sous-marine était principalement pratiquée par le personnel militaire, les océanographes et les scientifiques. Cependant, la plongée loisir devenait de plus en plus populaire.
Réalisations professionnelles
Après avoir obtenu son doctorat, Mme Earle a participé à de nombreuses expéditions sous-marines et à des projets de recherche qui lui ont permis d’apporter une contribution majeure à l’océanographie.
Elle a ensuite pris part à plusieurs expéditions sous-marines afin d’observer et de documenter des habitats sous-marins expérimentaux. C’est dans le cadre du projet Man-in-Sea qu’elle est devenue la première femme à descendre à plus de 300 mètres de profondeur à l’aide d’un submersible pour pénétrer dans un habitat.
Bien que sa candidature pour rejoindre le programme Tektite II ait été écartée (le gouvernement ne voulait pas que des hommes et des femmes vivent ensemble dans un laboratoire sous marin confiné ), Earle n’a pas été découragée et a plutôt été motivée pour former une équipe exclusivement féminine afin de s’aventurer sur le site et d’y étudier la vie marine en 1970.
L’exploration des épaves de guerre, l’observation des cachalots, la marche sans attache sur le fond marin et la création de deux entreprises qui se spécialisent dans la construction des véhicules sous-marins sont aussi d’autres grandes choses que la docteur en biologie marine a accompli.
Le Dr Earle est l’auteur de plus de 200 publications et a dirigé plus de 100 expéditions (passant plus de 7000 heures sous l’eau).
Mission Blue
L’objectif principal de l’initiative Mission Blue est d’encourager l’exploration et la protection des océans de notre planète. Il s’agit notamment de sensibiliser le public aux plusieurs zones marines protégées désignées sous le nom de « Hope Spots » et de faciliter l’accès à ces zones.
Grâce aux médias, aux expéditions, aux outils (ArcGIS, par exemple) et à plus de 200 groupes de conservation, organisations et ONG, Mission Blue vise à augmenter le soutien du monde entier pour la protection des océans.
Si l’association Mission Blue reçoit suffisamment de soutien du public , il est possible que la protection de ces zones d’espoirs permettent de protéger jusqu’à 30 % de l’ensemble des océans de la planète d’ici 2030.
En 2022, on comptait 151 Hope Spots (dont 14 ont été ajoutés au cours de cette seule année).
L’impact de Mission Blue
Les Hope Spots varient considérablement en termes de taille et d’emplacement, mais ils ont en commun les éléments suivants:
- Une abondance de biodiversité marine
- Une nécessité d’une protection accrue
- La possibilité d’inverser les dommages
- Une importance économique et culturelle
- La présence de processus naturels (par exemple, des frayères).
Ainsi, en raison de ces caractéristiques, chaque Hope Spot est composé d’une certaine forme de biodiversité unique qui est importante à la fois pour les communautés marines et locales.
Au fil des ans, Mission Blue s’est engagé à de nombreux efforts de conservation qui ont graduellement abouti en succès. En voici quelques-unes qui ont eu lieu rien qu’en 2022 :
- Earle s’est joint aux présidents de la République de l’Équateur et de la Colombie, à l’ancien président Clinton et à d’autres dignitaires pour étendre la zone de protection autour de l’archipel des Galápagos.
- Le Portugal a étendu sa zone de protection autour de l’archipel des Açores et de Madère pour respecter l’objectif 30×30 de la COP 15.
- Lors de la conférence des Nations unies sur le climat (COP 27), Mission Blue a présenté la zone d’espoir du grand récif frangeant et l’Égypte s’est engagée à protéger l’ensemble de ses récifs coralliens.
Vous pouvez regarder le documentaire Netflix de Mission Blue qui suit les efforts extraordinaires de Sylvia Earle pour protéger nos océans. Voici la bande annonce.
Campagnes de sensibilisation
Sensibiliser le public est l’un des principaux moteurs de l’initiative Mission Blue qui utilise diverses campagnes de communication (documentaires, médias traditionnels, réseaux sociaux et outils tels que Google Earth et ArcGIS) afin de faire connaître tous les Hope Spots du monde.
En tant qu’organisation à but non lucratif, Mission Blue collabore avec diverses organisations, fondations et institutions éducatives pour mener à bien ses campagnes et ses expéditions. Parmi les sponsors et partenaires des expéditions figurent SC Johnson, Code Blue Foundation, BBC, Nature Conservancy, Rolex et Marine Conservation Institute, entre autres.
Politique et défense des intérêts
En tant qu’ambassadrice des océans, le Dr Earle se joint à l’équipe politique pour rencontrer les dirigeants mondiaux et les chefs d’État afin de discuter des questions de protection des océans et d’obtenir leur soutien pour améliorer les actions de conservation des océans. Ces rencontres se font également par le biais d’interviews et de conférences internationales.
En 2022, Mission Blue a participé à de nombreux événements liés au climat et à la biodiversité (sommet Blue Climate, conférence des Nations unies sur les océans, etc.) et a contribué à l’organisation de la conférence sur le climat de l’Antarctique qui s’est tenu en mer en 2023. Ces événements sont utilisés pour plaider en faveur de pratiques océaniques plus durables en sensibilisant tout un chacun aux effets des activités humaines et du changement climatique sur les océans afin d’améliorer ou de mieux développer des politiques pour y remédier.
Des femmes scientifiques célèbres qui sont inspirées par Sylvia Earle
Sylvia Earle a influencé de nombreuses femmes scientifiques au cours de ses six décennies d’expérience dans le domaine de la conservation des océans.
Jane Lubchenco
Ancienne sous-secrétaire au commerce pour les océans et l’atmosphère et ancienne administratrice de la NOAA, Mme Lubchenco est une scientifique de l’environnement et une écologiste marine dont les recherches ont influencé les décideurs politiques dans la réduction de l’impact des activités humaines sur l’environnement.
Ayana Elizabeth Johnson
Fondatrice d’Ocean Collectiv et cofondatrice d’Urban Ocean Lab, Mme Johnson est une biologiste marine et une experte en politique qui a élaboré des politiques sur le climat océanique dans les villes côtières.
Kristen Marhaver
Exploratrice du National Geographic, Mme Marhaver s’intéresse à la reproduction et à la survie des coraux. Étant la première personne à avoir cultivé le corail de pilier des Caraïbes, le Dr Marhaver travaille actuellement sur de nouvelles méthodes de culture des coraux afin de pouvoir reconstruire des récifs entiers.
Une vision de l’avenir
En tant que pionnière de la conservation des océans et des femmes scientifiques, le Dr Sylvia Earle a laissé un héritage de plusieurs dizaines d’années qui a touché à la fois les hommes et les animaux du monde entier. Avec des projets tels que Mission Blue, l’héritage de Sylvia Earle continuera à façonner les domaines des sciences de la mer et de l’environnement pour les décennies à venir.
“J’ai vu les conséquences de ce que nous pouvons faire au monde naturel. Imaginez la Terre sans eux. C’est Mars qui nous vient à l’esprit. Pas d’océan. Pas de système de support de vie.”
Sylvia Earle